Après nos 2 précédents articles sur les Chemicals Brothers et les Massive Attack, nous continuons notre exploration des systèmes scéniques avec cette fois-ci, une performance des plus improvisée et spontanée, celle de Simon Carter aka Crystal Distortion. Produit de la scène Rave des années 90 dans le Royaume Uni, l’artiste principal des Spiral Tribe a influencé la musique techno actuelle grâce à sa musique dynamique et groovy.
Simon Carter aka Crystal Distortion.
Simon a joué partout dans le monde et suite à son travail en tant que musicien, il est devenu designer sonore pour Native Instruments, Sample Magic, Arturia et Propellerheads. Son approche de la performance est à 100.000 lieux de celles de la plupart des producteurs de musique électronique actuels, car il se réinvente constamment sur scène. Ses lives sets ne sont pas linéaires et jamais identiques. Il n’y a aucun ordre pré-établi, toutes ses boucles sont mélangées sur scène, tous les patterns sont assignés aux textures à la volée!
Comme il le dit : « Je prépare tous mes ingrédients chez moi et je les cuits sur scène! ». La plupart des producteurs créent leurs morceaux en studio, puis les jouent sur scène. Ce processus est inversé avec Crystal Distortion. Il crée des assemblages pendant ses prestations live, et ses idées sont retranscrites par la suite en morceaux finis.
Improvisation Live de Crystal Distortion et l’équipe de Fastlane à Acapulco.
Nous sommes allés le rencontrer à Marseille, sa nouvelle ville d’adoption dans le sud de la France :
Quand avez-vous commencé à jouer et quel équipement utilisiez-vous alors ?
J’ai commencé en 1990 avec un «set-up» uniquement constitué de machines hardware. Depuis, toute ma philosophie de performance consiste à recréer cette sensation de «Live» que j’avais avec ces machines, mais en utilisant un logiciel.
Quelle configuration de matériel utilisez-vous actuellement ?
Elle change tout le temps, mais Ableton est au coeur de mon setup actuel, et depuis un bon moment maintenant. J’ai 3 contrôleurs (Akai APC keys, MIDI fighter et Korg Nano), une Korg Electribe 2 et un Spark Le d’Arturia. Ce choix est aussi motivé par le fait que quand je prends l’avion, je ne veux pas mettre mon matériel en soute et préfère le garder avec moi en cabine. Il faut donc que je voyage léger. Je pense qu’il est important de commencer à pratiquer sur machines hardware avant de passer sur logiciels. Ça permet de les paramétrer plus facilement. Vous ne devriez pas utilisez vos contrôleurs de la façon dont le constructeur l’a pensé pour vous.
Vous devriez toujours les configurer manuellement selon vos besoins. Tout doit être à portée de main, pas de navigation, de défilement, etc… à la place, il faut développer un instrument qui peut être joué de manière instinctive en Live, comme un instrument acoustique.
Setup actuel de Crystal Distortion.
Pourriez-vous expliquer les principaux concepts qui régissent votre approche de la performance ?
Eh bien, tout comme un musicien traditionnel, vous jouez un instrument en direct. Je passe du temps à construire un instrument, puis à apprendre à l’utiliser sur scène. Donc pour le moment, j’utilise mes propres Racks de samples pour Ableton, ce qui me permet de décider sur scène le type de sons à jouer. J’ai conçu quelques-un d’entre eux pour Sample Magic.
La beauté de ces racks c’est que le tempo peut être changé et que la qualité des samples reste parfaite. J’en ai un pour les percussions, trois pour les leads, deux pour les sons Reece et deux pour les effets sonores. Les trois packs des leads jouent le même motif Midi pour me permettre de faire des superpositions. Chacune d’eux contient 32 sons/kits différents. Je déclenche également quelques boucles audio. Ce sont des sons que j’ai enregistrés au studio, à partir de mes machines hardware ; des breaks de batterie pour les transitions, que je peux isoler pour donner du punch ici et là.
Un autre ensemble de batterie est également déclenché à partir de la boîte à rythmes Spark. Contrairement à un DJ, un live set mélange deux morceaux ou plus en permanence, donc avoir au moins deux sources pour les percussions vous permet de jongler avec et d’en modifier une pendant que l’autre joue. Un petit «sidechain» entre les deux sources permet de les faire cohabiter plus facilement.
Configuration Ableton Live de Crystal Distortion.
Un autre truc important, c’est le Looper ! Je joue des échantillons de son et je les enregistre dans le Looper pour ensuite les manipuler en direct. De plus, mettre un Looper sur le master pour enregistrer le signal entier vous permet de le rejouer à tout moment, et vous laisse le temps de préparer la prochaine séquence. C’est très pratique lorsque vous manquez de mains (Rires).
Looper sur la piste Master.
Il est également important de regrouper vos sons, que ce soit dans un bus ou dans les pistes de retour. Ça vous permet de les traiter tous ensemble comme une famille et donc d’obtenir plus d’homogénéité dans votre set.
Avez-vous des conseils à donner aux gens qui commencent leur propre live set ?
1. Familiarisez-vous avec votre instrument et avec la réponse temporelle. Vous constaterez que le fait de frapper les contrôles un peu tôt signifie souvent que vos changements se produisent exactement sur les temps forts.
2. Vous pouvez facilement vous enliser dans ce que vous faites avec votre équipement, donc levez les yeux, regarder votre public et lisez leurs attentes.
3. Pendant l’emballage de votre équipement, placez tout en face de votre sac (pas dans le sac) pour visualiser vos connexions afin de ne pas oublier quoi que ce soit.