Première partie
► Dans la première partie de ce MAUG, nous avons reçu Chapelier Fou pour parler des outils Max For live qu’il développe pour sa musique. Il a présenté dans un premier temps une petite sélection des patchs M4L, comme Petit Duc, le successeur de Grand Duc, qui permet de commander un grand nombre de fonctions du set live avec de simples notes MIDI. Live Quantizer, un quantizer de notes en temps réel destiné à l’improvisation, Gated Seq, un séquenceur polyphonique inspiré du Prophet Rev2, Voice Paths, une sorte de système d’aiguillage pour notes MIDI, et d’autre petites astuces utiles.
La musique comme un jeu de pistes. C’est par ces quelques mots que l’on serait tenté dans un premier temps de résumer la discographie ‘officielle’ – les cassettes et autres Cdr passaient demains en mains bien avant sa signature chez Ici d’ailleurs – de Chapelier Fou débutée en 2009avec Darling, darling, darling…, un premier EP qui se payait déjà le luxe de contenir un morceau –qui donne son titre au disque – emblématique. Depuis se sont ajoutés à liste – entre autres – 7 albums et plusieurs EPs.
Les uns y entendent des mélodies entêtantes, les autres une electro catchy, d’autres encore une complexité et une rigueur d’écriture impressionnantes héritées de son amour pour la musiqueclassique. Certains tout ça à la fois. Il n’y a pas une bonne manière d’écouter Chapelier Fou, il y en a simplement plusieurs. En ce sens il y a quelque chose de rassurant dans cette musique quiréconcilie les approches, les fait cohabiter, évacuant d’emblée toute accusation de simplisme et/ou d’élitisme.
Et c’est là que l’aspect ludique de sa musique s’exprime. On peut se laisse guider, bien sûr, mais on est également largement invité à chercher des indices, des patterns, des sons qui se répètent, quinous font redécouvrir la structure et le sens d’un morceau. C’est un processus d’implication del’auditeur qui, immanquablement – et c’est heureux -, se transforme en processus de réappropriation. Il y a là-dedans ce qu’on serait tenté d’appeler une ‘pédagogie sonore’ :immerger, intriguer, impliquer, donner envie d’aller plus loin…
Deuxième partie
► Dans la deuxième partie de ce meeting, nous avons reçu S8jfou qui nous a parler de sa vision de la production musicale. « Less is more » est une façon d’aborder la vie, qui peut s’appliquer à la musique électronique en allant à l’encontre de l’achat compulsif que subissent beaucoup de musicien.nes. Que se passe-t-il vraiment derrière ce dernier plugin en vogue, ce module eurorack légendaire, cette pédale d’effet mythique ?
Plutôt que de titiller cette sensation du studio incomplet, il reproduit des effets et instruments qui semblent « uniques », en utilisant simplement les outils natifs Ableton. Il ne s’agit pas de réinventer la roue et refaire un tour sans fin des outils qu’on connait déjà, mais d’emprunter des détours inconnus, des chemins obscurs pour parvenir à nos fins sans se vider les poches.
Accédez aux périphérique que S8jfou fabrique ici et écoutez sa musique ici
Mon nom est S8jfou (suis-je fou).
Né dans les années 90 en France, j’ai grandi à coté d’un piano. Mon oncle m’a donné une batterie quand j’avais 9 ans et j’ai tappé la caisse claire et les toms jusqu’à ce qu’ils se fendent.En 2009, j’ai découvert Ableton Live après quelques mois d’essai sur Garage Band. Et c’est là que tout a commencé.
J’ai arrété l’école à 14 ans, je n’ai aucun diplômes, certificats ou quoi que ce soit. Je n’ai jamais étudié la musique ou même travaillé avec un professeur de piano.J’ai simplement essayé des choses que j’aimais. Mais la musique a vite occupé tout mon esprit.
Aujourd’hui, toute ma vie est musique. Je suis sûr que si un jour je deviens sourd, je mourerai naturellement en une semaine.
En 2017, j’ai acheté un terrain en montagne pour fuir les grandes villes et une civilisation que je ne comprends pas trop. J’ai commencé à construire une cabane de 8m2 en 2018 pendant 8 mois. Et c’est ici que je vis la majeure partie de l’année maintenant et que je fais ma musique. Durant ces 8 mois, j’ai dormi dans un hamac sous une bâche, en hauteur dans les arbres.
J’ai un petit panneau solaire, je me réchauffe avec un poêle à bois, je cuisine aussi sur ce poêle, je bois l’eau naturelle des montagnes proches de chez moi et je marche 3 heures au magasin à travers la forêt pour acheter de la nourriture quand j’en ai marre de manger des champis.
Pendant quelques années, j’ai été fasciné par les synthétiseurs et le matériel informatique. J’ai fait mon deuxième album uniquement avec du matériel hardware. J’avais déjà un studio rempli de synthétiseurs en 2017.
Quand j’ai fini ma cabane, je suis revenu à la musique avec le sentiment que chacun de ces équipements en plastique n’était pas nécessaire. J’ai juste vendu presque tout, sauf les synthés dont j’avais besoin pour jouer en live sans ordinateur (car j’ai toujours l’impression que jouer en live sur Ableton est ennuyeux pour moi, et encore plus pour les gens qui vont au concert).
En fait, je suis profondément fasciné par MaxMSP et je suis beaucoup plus capable de composer des trucs complexes sur mon ordinateur. J’ai aussi l’idée que la musique numérique peut être totalement gratuite et open source et j’aime cette possibilité. Construire de nouveaux outils sans dépenser d’argent et produire des déchets en plastique ou en métaux rares, et les partager gratuitement avec le monde me rend heureux.
Regardez les deux présentations en direct
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Comme d’habitude, nous vous rappelons que cette rencontre est GRATUITE et ouverte à tous, producteurs débutants comme confirmés, ou même simplement curieux. 😉
Pour les absents, nous retransmetrons ce MAUG en direct/streaming sur la page Facebook de Fastlane, et notre chaine Youtube.